Bernard Mananes
Vers un déremboursement de l'homéopathie
Dernière mise à jour : 8 juil. 2020
La Haute Autorité de Santé ( HAS ) pencherait pour un déremboursement de l'homéopathie, en raison d'un « manque d'efficacité ». A la clef, une économie annuelle de 130 millions d'euros, et la colère, prévisible, de nombreux utilisateurs de ces fameuses granules...

C'est le journal Libération qui, dans son édition d'hier, vendait la mèche. La Haute Autorité de Santé s'apprêterait, dans un projet d'avis, à recommander l'arrêt du remboursement pour « l'ensemble des produits homéopathiques, s'appuyant sur un manque d'efficacité prouvée». Ce projet d'avis, issu de la commission de transparence de la Haute Autorité, n'est pas définitif mais pourrait l'être dans quelque semaines, a priori aux alentours du mois de juin de cette année.
D'ici juin, les trois ténors français de la fabrication de médicaments homéopathiques, à savoir les Laboratoires Boiron, Lehning et Weleda, disposeront de dix jours pour contester cet avis et faire part de leurs remarques pour sauvegarder un marché de 620 millions d'euros.
Ce n'est qu'après cette période de dix jours que la commission de la transparence, suivis de quarante-cinq autres jours pour parfaire ses conclusions, que la HAS donnera ses conclusions. Le Gouvernement a d'ores et déjà fait savoir qu'il les suivrait.
On peut donc s'attendre a une levée de boucliers prochaine sur ce sujet sensible, qui représente pour l'Etat près de cent-trente millions d'euros en remboursement de produits homéopathiques. Une goutte d'eau comparée aux vingt milliards d'euros pour l'ensemble des médicaments remboursés.
Bataille d'opinion
Comme nous vous le révélions, l'homéopathie reste très appréciée de nos compatriotes et 72% d'entre eux croient aux bienfaits de ce genre de traitement. Les laboratoires ne s'y étaient pas trompés et avaient d'ailleurs lancé une pétition qui avait recueilli près de quatre-cent-mille signatures.
Conjointement, et en réponse, en mars dernier les Académies de Médecine et de Pharmacie avaient jugé que les traitements homéopathiques, à la vue des résultats des différentes études, ne devaient pas continuer à être remboursée à hauteur de 30 %, comme aujourd'hui.
Vous l'aurez compris, la bataille de l'opinion ne fait que commencer et les prochains mois seront décisifs pour cette pharmacopée dont la France est un des premiers débouchés mondiaux.